LE DÉPARTEMENT DE SANTANDER

BUCARAMANGA

SAN JUAN DE GIRON

Portant le nom du principal lieutenant de Bolívar, Francisco de Paula Santander, le département de Santander, qui compte 30 537 km2, formait auparavant la région santandereana avec le département de Norte de Santander, créé comme État en 1857, et muté en département en 1886, lors de l'adoption de la Constitution. Situé au centre est du pays, et traversé du nord au sud par la cordillère Orientale, qui en fait le département le plus accidenté de toute la Colombie, Santander est néanmoins doté d'un excellent système routier. Dans sa partie montagneuse, on rencontre une succession de canyons au fond desquels s'allongent les vallées des rios Suárez, Fonce et Chicamocha. L'autre partie du territoire s'étend sur la rive orientale du río Magdalena. Anciennement couverte par la forêt vierge, elle est aujourd'hui vouée à l'exploitation pétrolière.

Santander est bordé au nord par les départements de Norte de Santander et de Cesar, et au sud, par le département de Boyacá. Il est limité à l'est par les départements de Boyacá et de Norte de Santander, et à l'ouest par le río Magdalena, qui le sépare des départements de Bolívar et d'Antioquia. Le département est lui-même divisé en six provinces : Soto, Mares, Guanentá, García Rovera, Vélez et Comunera. Sa population atteint près de 1, 7 million d'habitants répartis en 87 villes et villages; sa température peut varier entre 20oC et 28oC.

Habité auparavant par de nombreux groupes indigènes de diverses souches – dont les Yarigüíes et les Agataes sur les rives du río Magdalena, les Guanes au centre et sur les flancs de la montagne, et les Chitareros et les Laches sur les hauts plateaux –, Santander fut colonisé par les Espagnols dès le début du XVIe siècle. Mais c'est un Allemand du nom d'Alfinger qui, le premier, fit face aux Indiens pour les regrouper en pueblos indigenos, des villages autochtones, de façon à mieux les dominer, et ainsi faciliter le travail d'évangilisation.

Si l'économie des indigènes reposait sur l'agriculture, la céramique et le tissage, les Espagnols, eux, se concentrèrent surtout sur le développement des mines d'or et de charbon, l'extraction de la quinine, la culture du tabac et l'élevage. Des agglomérations comme Vélez, San Gil, Soccoro, Zapatoca, peuplées en majorité de métis, prirent rapidement leur essor et, dès 1778, on comptait plus de 15 000 habitants à Soccoro, par exemple, qui dépendait administrativement de Tunja, la capitale du département de Boyacá qui, elle, n'en comptait que 3 000. Rien d'étonnant, dans ces conditions, à ce que les premiers soubresauts anti-espagnols fassent leur apparition, ici, en 1781, dans le cadre des soulèvements des comuneros, alors que Manuela Beltrán déchira l'ordonnance publique d'augmentation des impôts sur les marchés, décrétée par la couronne d'Espagne. Les Espagnols avaient aussi adopté de nombreuses mesures offensantes et discriminatoires dont l'interdiction du port des vêtements traditionnels pour les Indiens.

Les spécialités de Santander

Las "hormigas culonas", les "fourmis à gros derrières". Ou, plus simplement les "gros culs" en language populaire. La dégustation d'insectes ne fait par partie des habitudes culinaires des pays nordiques, de nos jours du moins. On s'étonnera donc, à juste titre, qu'une des spécialités santandereanas soit las "hormigas culonas', de grosses fourmis ailées frites et salées, que l'on vend en emballage plastique un peu partout à travers le département et notamment à l'aéroport. Elles ne font pas non plus partie du régime quotidien des Santandereanos, mais ces derniers y ont goûté au moins une fois dans leur vie. Assez pour en parler. Assez pour en vanter les mérites et les qualités gastronomiques. Il serait toutefois étonnant que l'on finisse par retrouver las culonas en accompagnement d'un Big Mac chez McDonald's, par exemple, pour remplacer les frites. Heureusement, il y a d'autres spécialités culinaires dans Santander. Essayez celles-ci :

El cabro o cabrito, un plat de chevreau mariné, braisé ou grillé;

La pepitoria, un boudin de cabri servi en entrée;

La carne seca, une viande séchée au soleil et cuite sur des charbons de bois;

La sopa de pichón, une soupe de pigeon, confectionnée avec un bouillon de bœuf, auquel on ajoute du lait;

El sancocho, une soupe de viande ou de poisson. Même si ce plat national se retrouve partout au pays, il prend une saveur spéciale dans Santander, alors qu'on le confectionne avec du bœuf, du porc, du poulet, du chou, des carottes, du céleri, des oignons, des bananes plantains, des yuccas et des pommes de terre;

El ajiaco santandereano, une soupe élaborée avec du maïs, du porc et du poulet;

El tamal santandereano, préparé avec du maïs, du bacon, du poulet, des fèves, des oignons, de l'ail et du persil, enrobés dans des feuilles de bananiers;

El masato de arroz, un breuvage fermenté, à base de riz.

Bucaramanga

Bucaramanga est non seulement la capitale du département de Santander, mais aussi celle de la province de Soto, située au nord du département. Reconnue à travers la Colombie comme la "Cité des parcs", Bucaramanga est aussi un centre économique et culturel important qui regroupe quelque 500 000 habitants.

La Catedral de la Sagrada Familia, au Parque de Santander.

Un peu d'histoire

Lorsque les Espagnols envahirent Santander, Bucaramanga était une agglomération indigène guane, établie sur les rives du río de Oro, baptisé ainsi à cause de la grande quantité d'or qui se déposait sur le sable de ses plages. Fondé donc le 22 décembre 1622 par Andrés Páez de Sotomayor, sur le domaine du cacique Bucarica, le village fut déclaré pueblo de indios à la suite de la visite d'un fonctionnaire de la couronne en 1623. Il conserva cette appellation jusqu'à la fondation d'une paroisse et l'établissement définitif de colons métis et espagnols. Dès ce moment, l'agglomération se développa d'une façon fulgurante du point de vue économique et politique. Aux lendemains de l'indépendance, elle fut élevée au rang de cité, et elle devint capitale de l'État souverain de Santander au milieu du XIXe siècle. Mais c'est avec la Constitution de 1886 qu'elle acquit définitivement le titre de capitale du département de Santander. Dès 1825, la ville s'ouvrit à l'immigration et vit s'installer de nouveaux arrivants provenant d'Angleterre qui, rapidement, s'assimilèrent à la population santandereana, pour participer activement à son développement. À la fin du XIXe siècle, ce sont des immigrants allemands qui s'y installèrent et contribuèrent grandement aussi à son développement, en y apportant un nouveau souffle. Bucaramanga fut ainsi la première ville colombienne à être dotée d'électricité et de gaz naturel dans les maisons, et c'est ici que s'installèrent les premières compagnies aériennes.

Bucaramanga aujourd'hui

Dépassant les limites de son territoire naturel – un plateau de 950 m d'altitude dominant la vallée du río de Oro –, Bucaramanga s'est fusionné, au cours des dernières années, avec les municipalités environnantes de Floridablanca, San Juan de Girón et Piedecuesta, pour former une région métropolitaine qui regroupe aujourd'hui plus de 700 000 Bumangueses.

Dotée d'un climat agréable qui se situe autour de 24oC, Bucaramanga offre peu à découvrir, sauf quelques vestiges concentrés autour du Parque García Rovira. Mais la ville elle-même apparaît après une longue descente par l'Autopista Girón-Barrancaberjerma, et l'on demeure étonné par ce paysage apocalyptique de gratte-ciel de terre qui émergent un peu partout, séparés par des ravins puissamment gravés dans le sol, fruits d'une érosion incessante.

Le Parque de Santander, au centre-ville de Bucaramanga

Bucaramanga est une ville paisible avec des rues piétonnières – la Calle 35 entre les Carreras 15 et 19, entre autres –, que des milliers de commerçants ont transformées en marché public, avec des boutiques à air conditionné et des échoppes à même la rue. On y trouve de tout, des ustensiles de cuisine aux vêtements, en passant par des valises et des pièces d'artisanat local.

Le dimanche, la moitié de la Carrera 27, qui est aussi l'Avenida Próspero Pinzón, est transformée en piste cyclable pour permettre aux Bumangueses. de pratiquer le vélo, la planche à roulettes, le patin à roues alignées, la course à pied ou tout simplement la marche.

San Juan de Girón

Avec Floridablanca, San Juan de Girón, à 9 km à l'ouest de Bucaramanga, fait maintenant partie de la région métropolitaine de Bucaramanga. Fondée en 1631, sur les rives du río de Oro, par Francisco Mantilla de los Ríos, sous le nom de la Villa de los caballeros de San Juan de Girón, l'agglomération se tailla rapidement une place importante dans l'économie de l'époque, par l'exploitation de l'or déversé par le fleuve et ses affluents, importance qui se maintint même après l'épuisement des sources du fleuve, alors que débuta l'exploitation des gisements sur les hauteurs de la cordillère Orientale qui traverse le département.

La Catedral des Señor de los Milagros, en face du Parque Principal de San Juan de Girón

San Juan de Girón aujourd'hui

À cause de son architecture coloniale riche et entièrement conservée, San Juan de Girón a été déclarée monument national en 1963. Pour en protéger les trésors architecturaux, toutes ses maisons basses à toiture de tuile rouge sont peintes en blanc. Ses rues sont en pierre, selon le style en vigueur à l'époque, alors que Girón est traversée par une douzaine de petits ponts à arches, en pierre aussi, qui accentuent l'impression de retour à l'époque coloniale. Plusieurs artistes y ont élu domicile et y ont acheté puis rénové leurs maisons. Girón, il va sans dire, est un endroit paisible qui accueille les touristes avec chaleur.

La culture guane

On ne peut, encore aujourd'hui, préciser la date de l'apparition des premiers habitants dans la région connue comme le département de Santander. Mais on sait que le territoire a été l'un des premiers à être occupés par l'homme en Colombie. Il s'agissait de groupes nomades qui pratiquaient le troc avec les autres groupes indigènes. Ils fabriquaient des instruments rustiques en pierre, qui pouvaient être utilisés à différentes fonctions. Ils habitaient des cavernes sur les rives des fleuves ou des lacs. L'introduction de l'agriculture marqua un point tournant du développement de ces premières populations, en permettant l'organisation d'une structure sociale basée sur le développement d'une communauté stable et dorénavant sédentaire. On y trouvait un cacique, secondé par un nombre variable de caciques de moindre importance, de qui relevaient l'organisation du travail communautaire et la distribution de la nourriture.

Les spécialistes ont longtemps cru que les Guanes étaient des Muiscas, puisqu'ils en étaient les voisins, et qu'il existait plusieurs similarités entre les deux peuples. En réalité, les Guanes – qui faisaient partie de la famille linguistique chibcha –, entretenaient de bonnes relations non seulement avec les Muiscas, dont ils assimilaient les habitudes. Ils fréquentaient aussi les Sutagaos, les Laches, les Tunebos et les Chitareros, de même que les peuples de la Sierra Nevada de Santa Marta, et même certaines peuplades du Venezuela, voisin de l'actuel territoire santandereano.

Les Guanes vivaient d'agriculture, se spécialisant dans le maïs, qui constituait l'aliment de base. Dans les régions plus froides des Andes, ils cultivaient la pomme de terre, alors que les fèves et autres fruits, la feuille de coca et le coton étaient cultivés dans les régions les plus chaudes sur les rives du río Magdalena. Ils exploitaient aussi le sel des sources salines, et l'or des berges du río del Oro. Ils étaient aussi des tisserands fabuleux, et la collection la plus importante de textiles archéologiques de Colombie est encore aujourd'hui celle des Guanes.

Patrimoine national, San Juan de Girón constitue un attrait touristique en soi et se découvre à pied, de préférence le matin, lorsque la température n'a pas encore franchi le cap de 25oC. C'est le rendez-vous des Bumangueses, et le lieu de résidence de prédilection de nombreux artistes de la région qui y trouvent inspiration.

SOURCE : Les guides ULYSSE/COLOMBIE

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