LE DÉPARTEMENT DU CUNDINAMARCA

SANTAFÉ DE BOGOTÁ

 

Le Cundinamarca est sans doute l'une des plus belles régions de Colombie, principalement à cause de ses paysages, de sa biodiversité, de son climat et de l'amabilité de ses habitants. L'étymologie même du mot Cundinamarca est évidemment indigène, et serait une déformation des mots cudirrumarca, cundalumarca ou encore condurcunca. En langue chibcha, cundinamarca signifie " hauteur où vit le condor ".

Une rue de Santafé de Bogotá, perchée sur les "hauteur où vit le condor".

Avec une superficie de 24 210 km2, le territoire représente quelque 2% de la surface totale de la Colombie avec près de 8,5 millions d'habitants, soit près de 25% de la population. Le Cundinamarca est limité au nord par le département de Boyacá, à l'est par les départements de Boyacá et de Meta, au sud par les départements de Meta, de Huila et de Tolima, et enfin à l'ouest par le río Magdalena, qui le sépare des départements de Tolima et de Caldas. On y trouve115 municipalités disséminées sur un territoire montagneux sillonné par la Cordillère orientale, dont certains pics culminent à plus de 4 000 m, entre autres El Nevado d'une hauteur de 4 560 m. La sabana, pour sa part, se situe en moyenne à quelque 2 600 m au-dessus du niveau de la mer.

Lorsque Gonzalo Jiménez de Quesada et ses conquistadores pénétrèrent pour la première fois dans la région des hauts plateaux de la Cordillère orientale en 1538, ils furent étonnés d'y trouver d'immenses terres fertiles et abondamment irriguées, protégées par de hautes montagnes, et où vivaient des Indiens riches et paisibles : les Muiscas. Ils y découvrirent la cité de Bacatá, qui est le site même où s'élève aujourd'hui Santafé de Bogotá, sur un plateau qui porte le même nom.

On peut encore trouver des vestiges de la présence des indigènes à Nemocón par exemple. On sait que le Cundinamarca était le territoire des Indiens de la famille linguistique chibcha, l'une des nations les plus civilisées de Colombie. Divisées en 56 tribus dont notamment les Panches, les Muiscas, les Muzos, les Colimas, les Sutagaos sous la domination des deux caciques, El Zipa et El Zaque, elles cultivaient des fruits et des légumes comme les pommes de terre, le manioc, les fèves, les tomates et le maïs, avec lequel elles fabriquaient la chicha, une sorte de bière fortement alcoolisée. De stature moyenne mais robustes, intelligents et travailleurs, ces Indiens avaient la peau de couleur cuivre. Ils chassaient le gibier et certains oiseaux qu'ils apprêtaient avec de l'ail et avec du sel provenant des mines de Zipaquirá et de Nemocón. Ils faisaient du commerce entre tribus voisines, échangeant du sel, des étoffes et des émeraudes contre de l'or, du coton et des coquillages. Ils vénéraient le Soleil qu'ils nommaient Sue, et la Lune, qui portait le nom de Chía. Les fêtes religieuses étaient célébrées avec une grande solennité, plus spécialement l'intronisation d'un nouveau cacique. Toute la population se réunissait à l'occasion au bord d'un lac pour offrir des présents aux dieux, et cette fête se terminait par des chants et des danses.

Les Muiscas étaient un peuple paisible qui ne faisait la guerre que pour se défendre. Ils obéissaient à des lois sévères, et punissaient aussi sévèrement le vol et l'assassinat. L'orfèvrerie tenait une place importante dans leur vie. Pour ce qui est de leurs artisans, ils vivaient à l'écart de la communauté et consommaient du tabac et des feuilles de coca.

Les Panches, pour leur part, étaient féroces et cruels. Ils attaquaient régulièrement les Muiscas, armés qu'ils étaient d'arcs, de flèches empoisonnées et de sarbacanes. Ils posaient même des pièges pour attraper leurs ennemis vivants, qu'ils dévoraient ensuite dans des banquets en l'honneur de la victoire.

Les Muzos, quant à eux, étaient établis sur les rives du río Negro et y exploitaient les nombreuses mines d'émeraudes de cette région.

Quand les Espagnols pénétrèrent dans le Cundinamarca, ils en prirent rapidement possession en y fondant premièrement Bogotá, le siège de leur premier gouvernement à l'intérieur de ce nouveau territoire. Puis, ils érigèrent d'autres villages un peu partout sur cet immense plateau verdoyant, caractérisé par la fréquence des pluies; ces villages comprenaient toujours une place principale au centre, la plaza, où l'on trouvait d'un côté l'église et de l'autre la mairie et d'autres maisons de grands seigneurs. Les nouveaux habitants s'occupaient surtout d'agriculture et d'élevage de troupeaux de bœufs et de chevaux.

La Plaza de Bolívar de Santafé de Bogotá, telle qu'elle apparaît aujourd'hui. Comme autrefois, on y trouve une place principale avec son église – ici la Catedral Primada – entourée d'édifices de prestige, ici le Palacio de Justicia.

Aujourd'hui, les autoroutes et les routes secondaires asphaltées qui mènent dans la sabana sont bordées d'arbres majestueux. Les huttes à toit de chaume ont fait place à de somptueuses haciendas qui font à juste titre tourner les têtes, quelques-unes étant spécialisées dans la culture des fleurs qui ont fait la réputation du pays à travers le monde.

La sabana est considérée comme le jardin de Santafé de Bogotá sinon de toute la Colombie. Outre les fleurs, on y cultive le café, le maïs, les bananes plantains, la canne à sucre, les pommes de terre, l'orge, le blé, le manioc, le coton, les fèves, les tomates, les haricots, etc. On y trouve des mines de charbon, de fer, de souffre, d'émeraude, de plomb, de zinc et de sel. Ainsi, on peut y bénéficier de meilleurs prix sur à peu près tout, de la chambre d'hôtel à la restauration, en passant par divers produits artisanaux, des vêtements et autres articles, la région étant autonome en ce qui concerne ses besoins essentiels.

Une rue du vieux quartier de Bogotá, La Candelaria, avec ses maisons surmontées de personnages sculptés, l'œuvre d'un artiste bogotano.

Pour ce qui est de la gastronomie, elle est le miroir des différents climats que l'on rencontre sur ce territoire, chaque village et chaque vallée ayant sa propre spécialité tout en conservant ses caractéristiques dont certaines sont originaires d'Espagne.

Spécialités du Cundinamarca

L'ajiaco santafereño est une soupe épaisse faite à partir d'une herbe que l'on dénomme guasca et de deux variétés de pommes de terre. On y ajoute, selon la région, du maïs, du poulet, des câpres et de la crème.

Le cuchuco est une autre soupe à base de farine, de pommes de terre, de porc et de plusieurs variétés de fèves.

La sobrebarriga est préparée avec les abdominaux du bœuf. Servie à la créole, la viande est accompagnée de tomates, d'oignons et de cumin. Rôtie, elle est accompagnée de riz blanc, de pommes de terre et du manioc cuits à la vapeur.

La fritanga est un plat de viandes frites, habituellement de la saucisse, du boudin, des pattes et du filet de porc ainsi que des abats. On y trouve aussi de la viande de bœuf et plusieurs variétés de légumes.

Le puchero bogotano est un pot-au-feu confectionné avec du poulet, du porc et du bœuf. On y mélange aussi du chou, des épis de maïs, des pommes de terre, du manioc et des bananes plantains.

Le canelazo est un breuvage sucré servi chaud, préparé avec de l'essence de cannelle et mélangé avec de l'aguardiente, du rhum ou du cognac.

Le viudo de pescado est une soupe très populaire, plus particulièrement dans la région de Girardot, sur les rives du río Magdalena. Il est confectionné avec différentes sortes de poissons d'eau douce et plusieurs variétés de légumes.

La chicha est une bière de maïs mélangé à du miel.

Le chocolate santafereño est fabriqué selon une vieille tradition bogotanienne qui remonte aux premiers temps de la colonie. Servi entre 17h et 18h, le chocolate santafereño est un breuvage chaud au chocolat, délayé dans du lait ou de l'eau et accompagné de gâteaux, de tartelettes ou d'autres gourmandises.

La changua est une soupe confectionnée à partir de lait et d'oignons à laquelle on ajoute un œuf cru avant de servir.

Le tama cundinamarqués est un plat populaire qui consiste en un pâté cuit comprenant du maïs, des saucisses piquantes, du poulet et des côtelettes de porc, et servi avec une ratatouille ou des condiments.

Beaucoup de paysans portent encore quotidiennement le costume national du Cundinamarca. Par exemple, les hommes portent un pantalon de toile de couleur sombre, une chemise de coton, une ceinture de laine, des sandales de cuir et un chapeau de paille de couleur claire. Ils portent un sac en bandoulière dans lequel ils transportent nourriture, couteau de poche, tabac et briquet lorsqu'ils travaillent aux champs, sans oublier la chicha, la bière de maïs.

Pour leur part, les femmes portent une jupe dont le bas est orné d'une broderie de couleurs et de dessins variés. Les motifs sont des répliques de ceux utilisés par les aborigènes pour illustrer leur mythologie. Le jupon est bordé, quant à lui, avec des motifs semblables mais de couleurs différentes de la jupe. La blouse est en toile blanche et arbore un large collet orné de bordures et de franges multicolores au cou et aux manches. La tête est habituellement recouverte avec une écharpe noire de soie ou de dentelle qui cache un petit chapeau de paille. Les cheveux sont séparés au milieu et retenus avec un ruban rouge, alors que des boucles d'oreilles et un collier somptueux s'ajoutent à leur parure. Aux pieds, elles portent des sandales blanches ornées d'une frange noire.

Santafé de Bogotá

Si l'on connaît bien de nom la capitale de la Colombie, Bogotá, on remarque dès l'arrivée que l'on y fait le plus souvent référence sous le syntagme "Santafé de Bogotá D.C." (Sainte-Foy de Bogotá,) un district fédéral de près de sept millions d'habitants. Perchée à quelque 2 680 m d'altitude, au centre d'un immense plateau fertile — la savane (sabana) de la Cordillère orientale —, Santafé de Bogotá, d'une superficie de 1 582 km 2, est aussi la capitale du département du Cundinamarca.

Vue panoramique, Santafé de Bogotá

température

Située en haute altitude donc, Santafé de Bogotá présente un climat moyen de 12oC à 14oC, avec des pointes de 22oC à 24o C le jour sous le soleil, et qui peut atteindre des baisses radicales à 6oC ou 4oC le soir. Ce qui est relativement froid, surtout par temps humide, la moyenne d'humidité annuelle se situant autour de 70 %. Pour un meilleur confort, il faut donc choisir des hôtels qui offrent le chauffage central, ce qui hausse le prix de la chambre, alors que certains établissements iront même jusqu'à proposer des chambres avec foyer. Il y a deux périodes dites d'été ou de pluies peu abondantes, de décembre à février et de juin à septembre, alors que l'on y subit aussi deux hivers, en octobre et novembre et de mars à mai. On aura tout intérêt à s'habiller en conséquence et à prévoir des vêtements légers le jour et des vêtements plus chauds le soir.

Santafé de Bogotá aujourd'hui

Ville ouverte et internationale, Santafé de Bogotá ·présentait jusqu'à tout récemment un riche héritage historique avec une architecture républicaine et coloniale importante — la ville portait d'ailleurs le surnom affectueux d' ‹‹ Athènes de l'Amérique du Sud ››. Mais sa destruction, en 1948, au cours d'une période assez trouble surnommée par les uns La Violencia et par les autres bogotazo a forcé les autorités à entreprendre une reconstruction rapide en verre et en béton.

Autre vue panoramique de Bogotá

La ville aujourd'hui n'a plus rien d'historique, sauf le vieux quartier de La Candelaria et quelques rues étroites du centre-ville. On y trouve bien sûr des vestiges d'époque comme des églises, des théâtres, des édifices gouvernementaux et encore quelques maisons. Le plus souvent, ces dernières ont été reconverties en restaurants ou en musées.

Une rue de La Candelaria

Si Buenos Aires, en Argentine, se présente comme le Paris d'Amérique du Sud, est devenu au fil des ans le New York de l'hémisphère Sud avec ses larges artères rectilignes, ses grands boulevards à multiples voies, ses rues envahies par des millions de voitures, d'autobus, de camions et d'autres moyens de transport, son centre économique, ses nombreux gratte-ciel, ses centres commerciaux et ses quartiers pauvres... contournés avec une sainte horreur par une élite richissime. Avec une population de quelque sept millions d'habitants, dont la majorité provient des campagnes de diverses régions isolées qu'elle a fuies au milieu de la violence pour venir grossir une ville pas nécessairement prête à l'accueillir, Santafé de Bogotá présente toutes les caractéristiques d'une mégalopole hétéroclite, sans en avoir véritablement la diversité internationale tout en en subissant les inconvénients : la méfiance, l'insécurité, les ghettos non plus ethniques ici mais régionaux, la pauvreté endémique de certains quartiers et la richesse ostentatoire des autres, entre autres. Dans certains quartiers chaque rue, chaque édifice et pratiquement tous les commerces sont protégés par une ou plusieurs vigiles armés.

Mais la ville tire aussi des bénéfices de cette situation, tant au point de vue économique que culturel. En effet, Bogotá se présente aujourd'hui comme l'un des centres majeurs de la culture colombienne, influencé par un apport constant d'une diversité de cultures en provenance de toutes ses régions largement représentées.

Une rue de La Candelaria

Toutes les grandes marques et griffes du monde y ont pignon sur rue, et l'on y trouve tous les produits de luxe que se dispute une clientèle aisée qui roule en Mercedes, en Corvette ou en Jaguar, alors que d'autres se déplacent à dos d'âne pour vendre des produits de consommation courante à une clientèle nombreuse et bigarrée. Ici, pas de juste milieu. Du moins pas encore. La classe supérieure exerce une domination de tous les instants. La classe moyenne ne possède pas encore de véritable identité. Ni davantage de réelle dimension. Ni de force politique concrète. Pour ce qui est du peuple proprement dit, issu de la terre, il n'a pas nécessairement tous les atouts en main pour faciliter son passage de la vie rurale à la vie citadine. Tous les espoirs sont donc permis aux gens les plus entreprenants, alors que les individus moins débrouillards sont condamnés automatiquement à la médiocrité. De ce fait, les Bogotanos ont mauvaise réputation. Commerçants par la force des choses, ils n'hésitent pas le moins du monde à s'accaparer de la plus grande marge de profit possible lors de la plus petite transaction, n'ayant en général aucun sens d'appartenance à une quelconque communauté, sauf celle bien sûr de la famille et du compadre (ami), issu de la même région, du même pueblito, de la même calle (rue).

Au marché, dans les restaurants, à l'hôtel, tout n'est prétexte qu'à soutirer le plus d'argent possible à " l'inconnu " à " l'adversaire ", à " l'ennemi ". Et lorsqu'un chauffeur de taxi charge le double ou le triple du prix pour une course à un passager présomptueux, ce dernier n'hésitera pas à le traiter de voleur. Pourtant, il n'y a ni vol ni même escroquerie. Il s'agit de commerce, le plus doué des deux parties en cause profitant de l'ignorance de l'autre. Choquant sans doute, frustrant même, mais c'est la loi du commerce que les Bogotanos mettent en pratique partout. Mieux vaut être sur ses gardes. Et en rire plutôt que d'en garder rancœur si cela se produit. Ce qui finirait par mettre un fort bémol au plaisir de la visite.

Une rue de La Candelaria

Un centre commercial

Santafé de Bogotá est donc un centre commercial dynamique qui constitue un attrait pour les services financiers de toutes sortes. On y trouve les sièges sociaux des 400 entreprises les plus importantes au pays, comme les banques, les caisses d'épargne, les sociétés fiduciaires et les compagnies d'assurances entre autres, qui gèrent en moyenne le tiers des ressources financières nationales.

On y trouve une cuisine régionale assez typée et économique, mais aussi une foule de restaurants chers, du chinois au français en passant par l'italien, le japonais, l'espagnol, le russe et autres. Mais le fast food y est décidément à l'honneur (la comida rapida), chaque porte ou presque du centre-ville se disputant le droit de concurrencer à la colombienne les McDonalds et autres fast foods à l'américaine, qui font la livraison dans les édifices à bureaux adjacents. En ce sens, le centre-ville manque cruellement de terrasses, de bars sympathiques et de petits restaurants branchés qui sont l'apanage de la classe moyenne de toutes les grandes villes : il faut se rabattre sur la Zona Rosa pour se sentir à l'aise à ce niveau. Comme si le Bogotano à l'aise faisait fi de l'âme de sa ville, pour ne s'intéresser qu'à ses muscles.

D'autre part, les Bogotanos fréquentent les restaurants le midi. Rarement le soir. Cette tendance se poursuit même les fins de semaine alors que les restaurants sont envahis par une clientèle nombreuse à la recherche d'un brunch familial. C'est sans doute le meilleur moment pour s'enivrer de Bogotá, qui prend tout son charme à cette occasion. L'heure est à la détente. Le soleil réchauffe l'air. Les Bogotanos respirent. Les enfants piaffent. Une fillette solitaire fait du patin à roues alignées sur le trottoir, adjacent à la terrasse où ses parents sont attablés. Elle culbute, s'affale, sèche une larme, se relève et recommence. Santafé de Bogotá · vit... l'après-midi... en toute sécurité.

Côté culturel, on y trouve au moins trois cinémathèques — la Cinemateca del Museo de Arte Moderno, la Cinemateca Distrital et la Cinemateca del Auditorio —, de nombreux théâtres et cinémas, des galeries d'art et une cinquantaine de musées, alors que l'orchestre symphonique national met régulièrement ses concerts à l'affiche. Pour la détente nocturne, c'est la Calle 82 de la Zona Rosa qu'il faut fréquenter avec tous ses night-clubs chics, ses discothèques et ses casinos.

Le jour, l'Avenida Jiménez est une attraction en soi. Une portion de cette rue, en effet (entre les Carreras 7 et 8), regroupe les esmeralderos. Ce sont des commerçants d'émeraudes qui, debout et par petits groupes, discutent avec d'éventuels acheteurs et même avec les passants dès 8 h le matin et jusqu'à 17 h ou 18 h le soir pour écouler leur marchandise, soit des pierres brutes de toutes dimensions non encore taillées et d'un vert à faire rêver. On les voit, nombreux, qui négocient ferme, les yeux fixés sur un morceau de papier blanc déplié, hypnotisés par les fameuses pierres encore mates qui subjuguent. Elles deviendront précieuses, pourvu que l'on sache faire le bon choix et que la coupe et le polissage soient parfaits. Elles rapporteront beaucoup d'argent, pourvu que le vendeur n'en exige pas trop. Beaucoup d'aléas qui font que l'enjeu est de taille. La négociation est de rigueur, et il va de soi qu'on ne peut accepter d'emblée une première proposition sans perdre sa crédibilité. Quelquefois, un acheteur — ou serait-ce un vendeur — se retire en proférant un juron... pour mieux revenir quelques instants plus tard et accepter une seconde proposition plus avantageuse sans doute.

Les esmeralderos de l'Avenida Jiménez

Tout ce marchandage en pleine rue est tout à fait légal, d'autant plus qu'on est ici à l'entrée de l'édifice du Ministerio de Agricultura (Av. Jiménez No. 7-65) et que la police est omniprésente. On peut y acheter, en toute quiétude et à bas prix, des pierres dégrossies mais non taillées... pourvu qu'il ne s'agisse pas de vulgaires morceaux de verre teinté. Business being business, ce ne serait pas du vol mais du... commerce estilo bogotano (façon bogotanienne).

Bogotá se divise en quatre grands secteurs, dont le centre, qui s'étend entre les Carreras 1 à 14 et les Calles 5 à 34. Il comprend le vieux quartier colonial de La Candelaria, le centre des affaires ainsi que la plupart des édifices politiques et administratifs, les musées, les églises et la plupart des monuments historiques et la gare ferroviaire. Le secteur nord, moderne et commercial, débute à la Calle 72 et constitue le siège de la vie financière tout en se réservant des secteurs résidentiels, commerciaux et culturels. Au sud, on trouve les quartiers ouvriers et industriels, qui ne présentent rien d'intéressant pour les touristes, alors que le secteur ouest comprend les grandes industries, de nombreux parcs, des installations sportives, d'autres édifices administratifs, l'aéroport El Dorado de même que le Terminal de Transportes.

Les quartiers huppés du secteur nord ont pour nom Santa Barbara, Santa Ana, Sotiliza, El Chicó et Rosales entre autres. Les quartiers de classe moyenne sont Soledad, Nicolas de Federman, Palermo, Mandalay, Normandia, Chapinero, Pablo VI, Molinos et Kennedy, ce dernier ayant été fondé par John F. Kennedy.

Les quartiers à éviter portent les noms de San Victorino — avec sa Calle de la Cartucho (sic) renommée à travers la Colombie pour son très haut niveau de violence —, Las Cruces et la Perseverancia entre autres. Ce sont des quartiers où circule abondamment la drogue, où la prostitution est un mode de vie et où sévit le délit commun en général comme le vol, l'agression et autres.

Véritable capharnaüm avec les klaxons des voitures, des camions et des autobus, les cris des vendeurs, les décibels survoltés des appareils de son, l'activité du centre-ville trouve son point culminant à la sortie des bureaux, soit vers 16 h, alors que les rues se transforment en marché public.

Ici, l'acouphène est effarant et persistant. Comme un rythme tapageur et saccadé d'une musique disco d'une rave éclatée où la mélodie a complètement disparu.

Ici, il faut être fou ou carrément suicidaire pour louer une voiture. Seul le chauffeur expérimenté peut se débrouiller dans une telle démence où il faut connaître pratiquement d'instinct la conduite en zigzag accompagnée du klaxon, indispensable à la survie d'une voiture et de ses passagers en Amérique du Sud. Il saura éviter les pare-chocs des camions et des autobus, freiner d'urgence à l'apparition saugrenue d'une brouette poussée par un homme pieds nus dans l'allée de gauche, où l'on roule habituellement à 50 km/h ou même 60 km/h. Il s'amusera à défier le futur champion cycliste de Colombie qui, lui, a décidé de se taper un "10 km " contre la montre en plein bouchon de circulation. Néophytes ou claustrophobes, s'abstenir.

Ici, il faut être fou ou carrément suicidaire pour tenter de traverser une rue en dehors des zones réservées à cet effet, c'est-à-dire au coin des rues, là où des feux stoppent la circulation. Mais, encore là, la prudence s'impose car les motos n'obéissent que rarement à cette signalisation qui s'adresse uniquement aux voitures. Le soir, rien à faire. Même les voitures n'obéissent plus aux feux devenus simple décoration routière. Pourtant, les accidents sont rares à Bogotá, compte tenu de cette situation pour le moins débridée, anarchique pour les étrangers.

La Plaza de Toros

Le sud de la ville — là où les rues commencent à décliner leur numéro en sens inverse —, regroupe les quartiers pauvres et même très pauvres. À moins d'y travailler pour des raisons humanitaires, il est inutile de visiter ces derniers, qui ne présentent d'ailleurs aucun attrait touristique. Mêmes les chauffeurs de taxi refusent de s'y rendre. Non pas parce qu'ils présentent plus de risques, mais bien parce que les gens qui y habitent n'ont pas les moyens de... se payer une course en taxi. Le nord, par contre, est réservé aux quartiers huppés, qui ont réussi à déployer une véritable conscience sociale dans leur développement en matière d'architecture et d'urbanisation. Les rues, les avenues et les autres artères sont belles et bordées d'arbres. On y trouve de nombreux parcs. Les édifices ont du style, du désign. Il faut fréquenter la Zona Rosa et les quartiers situés entre les Calle 70 et 140 pour s'en faire une idée.

SOURCE : Les guides ULYSSE/COLOMBIE

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