LE DÉPARTEMENT DE LA GUAJIRA

RIOHACHA

CABO DE LA VELA

La péninsule de la Guajira, l'une des régions les plus excessives d'Amérique du Sud par son climat, appartient, pour une très large part, à la Colombie alors qu'une petite bande sur les rives du golfe du Venezuela constitue une partie du territoire de ce dernier pays. Ayant dépendu longtemps du département de Magdalena avant de devenir une intendance administrative en 1954, la Guajira a été établi en département en 1964, avec Riohacha comme capitale. Divisée en trois régions, à savoir l'Alta Guajira, la Media Guajira et la Baja Guajira, la Guajira est un immense désert de 20 180 km2 où il n'y a à peu près rien sauf des mines de sel et de charbon dont celle de Correjón, la plus grosse mine de charbon à ciel ouvert au monde. Limité au nord par la mer des Caraïbes et au sud par le département de Cesar, le département de la Guajira est aussi bordé à l'est par la mer des Caraïbes et par le Venezuela et à l'ouest par le département de Magdalena. On y trouve quelque 500 000 habitants. Seuls les touristes aventureux y trouveront leur plaisir bien que les agences de voyages proposent des excursions organisées offrant un confort relatif.

Riohacha

Riohacha (on prononce Rio-a-cha) est située à plus de trois heures de route de Santa Marta. C'est une ville de moyenne importance, mais c'est aussi la capitale du département de la Guajira avec quelque 120 000 habitants, incluant la proche banlieue.

Riohacha, il faut bien le dire, n'est pas belle. Malgré toutes les prétentions des dépliants touristiques qui l'annoncent comme un paradis, il faut reconnaître que le paradis ne vient jamais sans son côté infernal déplaisant. Riohacha n'est pas belle, mais cela n'est pas son moindre défaut. Le système d'égouts déborde souvent. Certaines rues sont alors envahies par des eaux sales et stagnantes que le soleil ne parvient pas à assécher. La plage n'est pas attirante non plus avec ses eaux brunes et agitées et son sable qui gagnerait à être mieux entretenu. En effet, le río Ranchería, à l'extrémité est de la ville, déverse ses eaux dans une mer agitée, lui conférant une couleur brunâtre peu invitante. Elles cernent la plage comme une lunule sombre jusqu'à 1 km dans la mer sur près de 5 km de longueur. Pourtant, l'eau ne serait pas polluée, dit-on. Dommage qu'elle en donne l'apparence. Pour ce qui est des habitants de Riohacha, ils profitent de leur plage les fins de semaine mais ne s'y baignent pas beaucoup. Ils utilisent surtout le couvert des arbres pour se rafraîchir.

Un peu d'histoire

La ville fut fondée en 1545 sous le nom de Nuestra Señora de los Remedios del Río de la Hacha par des colons en provenance du Venezuela sous la direction de Klaus Federmann. Anciennement reconnue pour sa production perlière assez importante, la ville entière fut souvent attaquée par le pirate français Jean Laffitte et saccagée par le pirate anglais Sir Francis Drake en 1596. C'est aujourd'hui une ville portuaire de peu d'envergure.

Riohacha aujourd'hui

À peine 8 heures du matin et Riohacha est déjà en feu, tellement la chaleur se fait oppressante. Le mercure indique 30oC. Il fait sec. Difficile même de respirer. À midi, la température atteindra les 37oC et plus. Riohacha brûle directement sous le soleil. Plus rien ni personne ne bouge. Même les moustiques suent. En tout cas, ils subissent tellement les effets de la chaleur qu'ils refusent de voler. Seule et mince consolation, le vent du large souffle une légère brise qui n'apporte pas de soulagement (à moins bien sur qu'elle soit responsable de la nonchalance des moustiques). Pour ce qui est de la chambre d'hôtel, c'est une véritable fournaise qui n'offre ni air conditionné ni ventilateur à cause d'une panne générale d'électricité, situation courante à Riohacha. Vite une banque, un commerce, une pharmacie, une grande surface, n'importe quoi équipé d'une génératrice et d'un système d'air conditionné, ça urge. En attendant, il faut se réfugier sous les rares arbres de la plage. Même toucher une clôture de fer forgé pourrait causer une brûlure. Rien d'autre à faire que de boire de la bière, ce à quoi en sont souvent réduits les Gajiros.

Les soirées sont mouvementées à Riohacha, surtout les fins de semaine : les habitants aiment fêter. C'est la seule ville au monde à avoir élevé un bronze à un joueur d'accordéon, Francisco Rodríguez dit El Hombre, le créateur de la musique vallenato. C'est tout dire. Mais quand on connaît la popularité du vallenato en Colombie et même outre frontières, on comprend l'importance du musicien natif de Riohacha. On peut admirer la sculpture en plein centre d'un rond-point, à l'intersection de la Carrera 7 et de la Calle 15 (Avenida El Progreso), qui est aussi la Carretera Troncal del Caribe. D'autre part, la guajira est une danse d'origine cubaine qui vante la beauté de la guajira, la paysanne. Qui ne connaît pas la chanson Guajira guantanamera!

Le bronze de Francisco Rodríguez dit El Hombre, le créateur de la musique vallenato.

Tout le long de la promenade face à la mer (Avenida de la Playa ou Calle 1), on trouve des amuseurs publics et les enfants y sont rois et maîtres. Les bars et les terrasses entre les Carreras 6 et 9 sont pleins à craquer, et l'ambiance est tout à fait conviviale. À l'occasion, on pourra bloquer la rue pour y organiser une fête spéciale avec orchestres de vallenato sur scène et danses dans la rue. Riohacha se métamorphose en effet, à la moindre occasion, en discothèque à ciel ouvert. Ici, pas besoin d'être sur ses gardes . En effet, les habitants de Riohacha se mêlent de leurs affaires et ne prêtent aucunement attention aux étrangers. Ils ont d'autres chats à fouetter : ils dansent.

En dehors de la fiesta, Riohacha est une ville tranquille où l'on peut se promener n'importe où , à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, en toute quiétude. La ville elle-même est une suite de maisons basses et blanches avec des rues étroites, sans arbres, et quelques gratte-ciel au centre-ville. Riohacha n'est pas une belle ville mais elle est reconnue pour ses couchers et ses levers de soleil uniques au monde. Ce spectacle à lui seul vaut le déplacement, alors que le soleil émerge tôt le matin, vers 5h, pour disparaître dans une orgie de couleurs, aussi en pleine mer, vers 18h.

Il n'y a pas beaucoup d'attraits touristiques à Riohacha. Cependant, la ville étant le lieu de naissance de l'amiral José Prudencio Padilla, l'un des héros de la guerre d'Indépendance qui vainquit les Espagnols dans une bataille navale sur le lac Maracaîbo, le 24 juillet 1823, on peut voir sa statue dans le Parque Almirante Padilla. Le centre-ville se retrouve autour de ce parc avec ses banques, ses boutiques les plus sophistiquées de même que sa cathédrale.

Cabo de la Vela

Pour atteindre Cabo de la Vela, il n'y a qu'une piste de sable qui change au jour le jour selon la direction du vent. Si l'on désire s'y rendre sans passer par une agence, il faut prendre un buseta ou un autocar tôt le matin, en direction de Maicao, au Terminal de Transportes, ou même directement sur la Calle 15, à l'angle de la Carrera 5. Il faut ensuite descendre 30 km plus loin, au point dénommé Cuatro Vias — qui est effectivement une croisée de chemin —, où sont installées, en plein soleil, quatre ou cinq petites tiendas qui vendent de la bière. Il faut alors tenter de négocier son passage dans un camion à quatre roues motrices, passage qui peut coûter jusqu'à 40 000 pesos (40 US$), un prix d'ami selon le chauffeur, pour faire 160 km sur un chemin de terre mal entretenu. Puis, le voyage débute via Uribia, en suivant le chemin de fer utilisé uniquement pour le transport du charbon, de la mine de Cerrejón à Puerto Bolívar.

Le chauffeur conduit son véhicule d'une main alors que, de l'autre, il boit sa bière, la main sur le volant servant aussi à passer l'embrayage. Le soleil plombe. Il fait chaud comme dans un four. La route de terre rouge a été recouverte d'huile depuis un certain temps déjà, et transformée en une céramique raboteuse et émaillée par l'action du soleil. Le conducteur n'en a cure, et roule à 90 km sur cette chaussée accidentée qui finit toutefois par s'améliorer quelque peu. Ce qui n'arrange rien, car il augmente sa vitesse en conséquence, dépassant maintenant les 110 km à l'heure. Il s'arrête à tous les 20 km pour acheter d'autres bières dans des huttes d'Indiens, perdues et isolées dans un paysage plat, où seuls quelques cactus décharnés ont encore le courage de lever la tête vers le ciel pour quêter un peu d'eau. Qui ne viendra pas. Et l'on repart de plus belle, la rumba de la radiocassette jouant à tue-tête, ce qui n'empêche pas le camionneur de tenter de renégocier le prix de la course en expliquant que son véhicule en prend pour son rhume et que sa suspension en arrache. Il a raison!

Il stoppe brusquement au bout d'une heure, au moment où il aperçoit un ami dont le camion est en panne. Après une courte discussion, il décide de le touer. On roule plus lentement maintenant, à cause de la charge additionnelle, puis on s'arrête enfin à un garage de Ciudad Uribia.

À Uribia, petite ville de quelque 5 000 habitants avec des maisons basses et des rues sans arbres, il n'y a rien à faire. Pourtant, on y met à l'affiche à grand renfort de banderoles une édition (la 12e) du Festival de la culture wayuú qui se tient tous les mois d'octobre de chaque année.

On repart. À pleine vitesse maintenant. Le chauffeur, qui a racheté de la bière, décide que le prix chargé n'est pas juste et que, pour atteindre Cabo de la Vela, il faudra payer 10 000 pesos de plus (10 US$). Allez donc discuter avec un chauffeur ivre qui conduit à plus de 100 km à l'heure, en plein désert, et qui menace de vous y laisser. Au bout de deux bonnes heures de ce trajet infernal, on arrive alors à un panneau indicateur écrit à la main qui signale "Cabo de la Vela". On bifurque et emprunte alors non plus une route, inexistante, mais une piste que le chauffeur suit au jugé, choisissant entre trois avenues, le côté d'une dune plutôt que l'autre. Il indique du doigt Cabo de la Vela au loin, qui apparaît comme un mirage vague et scintillant dans la turbulence de l'air cuit du midi. Mais ça prendra encore une heure avant de débarquer dans ce village du bout du monde. Fait chaud! : de 40oC à 42oC minimum.

Cabo de la Vela est un pueblito directement sorti d'un western de Sergio Leone. Niché sur le rivage de la mer des Caraïbes, il compte une cinquantaine de huttes et de maisons en pierre blanche délavée et rôtie au soleil, dispersées sur moins de 2 km. Pas un arbre en vue. Ni même un cactus. Le désert total. Au centre, une seule rue en terre avec, côté désert, deux maisons basses dont l'une fait aussi office de bar et une église blanchie à la chaux délavée. Côté mer, une maison, deux hôtels contigus et une autre maison suivie de huttes en bois. Un vallenato métallique flotte en sourdine, grésillant, provenant d'un ghettoblaster mal ajusté. Le vent siffle et hue ce paysage avec rage, qui soulève le sable, qui fait rouler les broussailles et qui fait grincer une pancarte rouillée annonçant une marque de bière. Il fait tinter la cloche au beffroi de l'église, tel un glas lugubre. Personne n'y répond. Un chien jappe. Un âne brait. Un homme soul rit, édenté: c'est un Wayuú !

Il n'y a pas d'électricité à Cabo de la Vela. L'hôtel restaurant La Langosta produit la sienne à l'aide d'une génératrice bruyante. On peut y louer un hamac sur la terrasse à aire ouverte directement sur la plage ou encore l'une des deux chambres fermées. La chambre à deux lits simples, sans ventilateur, sans couverture et sans oreiller, n'a pas non plus de salle de bain privée. Le tenancier par ailleurs sympathique explique qu'il a la bonne idée d'interrompre la génératrice pour la nuit. Pas question donc de ventilateur. De toute façon, la température est acceptable le soir à cause du vent. Il n'y a pas de moustiques pour la même raison.

La plage est magnifique et forme une vraie piscine. On marche longtemps dans l'eau avant d'atteindre une certaine profondeur. Il vente toujours fort et l'on se prend à rêver de planche à voile ou de dériveur. Cabo de la Vela ne signifie-t-il pas "Cap de la Voile"? L'endroit est assurément appelé à devenir le paradis pour ce genre de sport. Dès que l'électricité y aura fait son apparition. Dans six mois, estimation colombienne sans doute, rendant la vie plus agréable et invitant au développement du site.

Il n'y a pas d'attraction touristique à Cabo de la Vela sauf la mer, bien sur, qui est une merveille. Il y a aussi El Pilón de Azucar, le "pain de sucre", un rocher blanc assez imposant qui émerge de l'eau et qui, selon une légende wayuú, indique aux morts la voie de l'éternité. C'est à Cabo de la Vela que débarqua la première fois en 1499 le découvreur de la Colombie, Alonso de Ojeda, en provenance du Venezuela, qui compte Francisco Pizarro parmi ses hommes. Il crut apercevoir une voile à l'horizon. D'où le nom du cap. Mais il n'y a rien pour rappeler ce moment historique.

Quoi faire alors? Rien justement. Profiter du soleil et de la mer, s'étendre dans un hamac en sirotant une bière glacée et... finir par découvrir la beauté mystérieuse et austère du désert. Parce que le désert est beau. Ce n'est pas l'exubérance des régions luxuriantes. Ce n'est pas l'excès de couleurs d'un jardin botanique. Ce n'est pas non plus la sérénité d'une rivière isolée qui coule doucement en montagne. Mais c'est le dénuement total dans ce qu'il y de plus extraordinaire.

Si les couchers de soleil sont uniques dans la péninsule de la Guajira, la nuit n'a pas non plus son pareil nulle part dans le monde. Il faut imaginer cet immense plateau presque aussi grand que la Gaspésie au Québec, la Calabre en Italie ou Cap Cod Aux États-Unis, et dont la moitié est privée d'électricité. Les étoiles y apparaissent deux fois plus grosses et cinq fois plus lumineuses que nulle part ailleurs, surtout les nuits sans lune. Du jamais vu. Tout simplement étonnant. C'est aussi la beauté du désert.

Des gens vivent ici. En effet, la Guajira est la région des Wayuús (les fils de la terre), des descendants directs des Taironas. Leur population atteint quelque 80 000 âmes du côté de la Colombie et plus même du côté du Venezuela. La plupart vivent encore selon les coutumes ancestrales, ce qui est en soi une constatation incongrue. En effet, l'électricité n'ayant pas encore rejoint la majorité des agglomérations, les Wayuús n'ont aucune raison de modifier leur façon de vivre qui ne leur apparaît pas d'autre part surannée, mais essentiellement adaptée à leurs besoins, la télévision n'étant pas évidemment l'une de leurs préoccupations quotidiennes. Ils vivent dans des huttes à toit de chaume. On les reconnaît facilement à leur costume. Les femmes par exemple, remarquablement belles et altières, portent une robe longue et ample de couleur unie, noire, blanche ou verte, ou encore colorée de plusieurs teintes variées. Elles ont la peau cuivrée, les pommettes saillantes et les cheveux noirs jais, lisses et longs, quelquefois retenus par une barrette. Aux pieds, elles portent des sandales en cuir. Souvent, elles s'enduisent le visage d'un gel végétal noir pour se protéger du soleil. Les hommes sont plus assimilés et ne portent plus le costume traditionnel.

Les Wayuús

La structure sociale des Wayuús est encore aujourd'hui organisée autour de clans matrilinéaires. Les Wayuús vivent en petites colonies, (rancherias ou pichiipalas), composées de cinq ou six maisons habitées par des membres d'une même famille, selon la relation avec la lignée des femmes. Le mariage constitue une transaction, et la polygamie est un gage de succès économique. À l'exception de la nouvelle mariée, toutes les autres femmes habitent avec leurs enfants dans des cases séparées où elles sont régulièrement visitées par leur mari.

L'espace vital est relativement simple, sans aucune décoration, alors que les objets familiers et de luxe sont conservés dans des sacs suspendus aux murs.

La cuisine est une construction indépendante, alors qu'on trouve aussi la luma, où se déroule la vie sociale, soit une structure ouverte avec un toit de chaume supporté par des colonnes.

Les maisons elles-mêmes sont carrées, bien qu'on en trouve aussi des rondes dans la Alta Guajira. Construites depuis toujours à l'aide de yotojoros, le cœur du cactus, ou avec des bambous, certaines sont aujourd'hui en pierre avec des toits de tôle, matériaux importés par les travailleurs de la mine de charbon pour construire leur baraquement.

L'économie

L'activité économique se réduit à l'élevage de troupeaux de chèvres et de moutons. Plus le troupeau est important en nombre de têtes, plus il permet de s'approprier de femmes, celles-ci étant troquées contre des animaux. Plus les bêtes sont nombreuses, mieux le propriétaire peut assumer ses dettes morales et physiques auprès de la communauté, contractées lors de transactions antérieures.

L'autorité

L'organisation politique est inexistante, et les Wayuús ne reconnaissent aucune autorité particulière. Quand des problèmes surgissent, ils sont habituellement résolus entre les parties impliquées, faisant naître des rancunes et des vengeances violentes. La seule institution sociale acceptée est celle du piache ou guérisseur — habituellement des femmes —, dont les pouvoirs sont magiques.

Aujourd'hui, la construction de routes asphaltées, pour le développement des mines notamment, et l'injection de capitaux de la part des gouvernements colombiens et vénézuélien des deux côtés de la frontière contribuent grandement à la disparition des coutumes wayuús.

L'aventure, avec un sac à dos

L'hôtel La Langosta où je descends proposent deux chambres et n'offrent que des lits simples sans oreiller, sans salle de bain privée, ni ventilateur ni air conditionné. L'hôtel est une bâtisse en pierres blanchies à la chaux, au confort rudimentaire. Recommandé pour les esprits aventureux et les vacanciers qui voyagent avec un sac à dos. On peut aussi y louer un emplacement pour installer son hamac ou même louer un hamac sur place. La Langosta pourrait prétendre qu'Alonso de Ojeda et Francisco Pizarro y ont déjà séjourné il y a près de 500 ans, ce qui ne serait pas loin de la vérité.

La Langosta fait aussi restaurant, et l'on choisit la prise du jour directement de la barque du pêcheur. Peut-on rêver de mieux? Si! Tout à fait! Toutes les huttes et les maisons des Wayuús le long de la plage font aussi restaurants. Il n'y a qu'à s'informer et à choisir l'une d'entre elles dont les patrons semblent plus sympathiques que les autres. Ils le sont tous. Ils installent une table directement sur la plage et, à la chandelle ou à la lampe à l'huile, on déguste une quantité incroyable de crevettes fraîches en sauce tomate, le tout pour 6 000 pesos (6 US$). L'aubaine!

Pour le retour à Riohacha, il suffit de ne pas avoir d'horaire fixe, et d'attendre qu'un véhicule tout-terrain passe par Cabo de la Vela en route pour Cuatro Vias, deux fois par jour en moyenne. Ou que le patron d'un des deux hôtels décide de faire ses courses. Le prix est abordable puisqu'il est partagé entre plusieurs passagers. Il faut tout de même compter quelque 15 000 pesos.

Le folklore

La chichamaya — ou la yonna —, et le cabrito sont considérés comme des danses originaires de la partie nord de la Guajira, qui tiennent encore une grande importance dans l'esprit de ses habitants. Le cabrito en particulier est la danse de la pluie, mais c'est aussi une danse de réjouissance pour célébrer le dieu Mareiwa, créateur de la Guajira.

Pour ce qui est de la chichamaya dansée par un couple, c'est une chorégraphie plus profane et ouvertement sensuelle qui se danse notamment lors d'une demande en mariage. L'homme est vêtu de son plus beau guayuco ou taparabo — une pièce de tissu qui recouvre les parties génitales et les fesses du danseur —, alors que la femme porte sa plus belle taquiara, une longue robe ample et souple qui facilite les mouvements et qui la couvre du cou aux pieds. Les deux portent aussi des bijoux et des ornements qui indiquent leur rang social.

L'homme danse en sautant en arrière au son des tambours, alors que la femme s'avance vers lui en tentant de lui faire perdre l'équilibre. Elle réussit enfin son manège à la suite de nombreuses tentatives simulées. Puis, l'assistance manifeste son appréciation selon la qualité, l'audace et la performance générale des deux protagonistes.

Le vallenato

Dans la partie sud de la Guajira, c'est le vallenato qui est à l'honneur, un rythme qui a pris sa source dans la région. À la base, le vallenato, littéralement "né ou issu de la vallée", est une musique country western à la sauce colombienne. Racontant les déboires ou les aspirations de la vie quotidienne, le vallenato est en effet constitué d'un mélange des sons mélodieux du guacharaca — un bambou creux qui émet des sonorités profondes quand on le frotte —, de l'accordéon et d'un tambourin, le tout accompagné d'un zapateado cadencé (les musiciens tapent du pied). La ville de Riohacha est la capitale de l'accordéon et le lieu de naissance de Francisco Rodríguez, dit Francisco El Hombre, le créateur de la musique vallenato.

Au palmarès du vallenato d'aujourd'hui, on retrouve une relève nombreuse, seule ou en groupe, dont El Binomio de Oro, Hermanos Zuleta, Vallenatos Express, Omar Geles, Miguel Morales, Los Chiches, Miguel Mateus. Pour sa part, Carlos Alberto Vives, originaire de Santa Marta, est parvenu à donner ses lettres de noblesse hors de Colombie au vallenato puisqu'il a vendu a-delà de 1,5 million d'exemplaires de Clásico de la provincia en Amérique latine seulement.

SOURCE : Les guides ULYSSE/COLOMBIE

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