LE DÉPARTEMENT DE MAGDALENA,

SANTA MARTA, EL RODADERO,

LA SIERRA NEVADA DE SANTA MARTA,

TAGANGA, PUEBLITO, LA CIUDAD PERDIDA,

LA CIÉNAGA GRANDE

La côte caraïbe est probablement la plus connue de toutes les régions de la Colombie. En effet, les destinations de Cartagena de Indias et de Santa Marta se sont taillées depuis longtemps une réputation avantageuse auprès des touristes du monde entier pour la qualité de l'hébergement et de la restauration qu'on y trouve, pour la mer et les plages, pour les paysages, pour le climat, pour la musique et pour la chaleur de leurs habitants.

Plage de la côte caraïbe (Santa Marta)

Mais la côte Caraïbe, c'est beaucoup plus que cela. En effet, c'est le berceau de l'histoire de la Colombie dont on trouve des vestiges dans les neuf départements qui la composent : la Guajira, Magdalena, Atlántico, Bolívar, Sucre, Córdoba, Antioquia et le Chocó, sans oublier l'archipel San Andrés y Providencia.

Le département de Magdalena

Le département de Magdalena est l'un des plus anciens de Colombie après la Guajira. Situé dans le nord-est du pays, il présente une superficie de 22 742 km2 pour une population de quelque 1,1 million d'habitants. Il est bordé au nord par la mer des Caraïbes, au sud par les départements de Bolívar et de Cesar, à l'est par les département de Cesar et de la Guajira, et à l'ouest par les départements d'Atlantico et de Bolívar.

Son climat est excessivement varié. En effet, la Sierra Nevada de Santa Marta fait que ce département côtier offre des températures tropicales au niveau de la mer avec une végétation exubérante mais aussi les neiges éternelles des pics Bolívar et Cristóbal Colón — ce dernier culminant à plus de 5 800 m d'altitude —, sans oublier les sables des zones désertiques. Tout y est.

Santa Marta

L'une des agglomérations les plus anciennes de la Colombie, Santa Marta a été fondée par Rodrigo de Bastidas le 29 juillet 1525 et devint le premier gouvernement espagnol sur la terre ferme en Amérique. Au cours des premières années de son existence, elle se révéla être l'un des ports les plus importants au regard de la pénétration des conquistadores au Nouveau Monde.

Elle est sise dans un paysage unique sur le rivage de la mer des Caraïbes dans une baie paradisiaque, où le climat atteint une moyenne de 28oC annuellement : la brise constante en provenance de la mer en fait une température idéale pour les vacances.

Avec quelque 350 000 habitants, Santa Marta est la capitale du département de Magdalena. C'est une petite ville "conviviale" en ce sens qu'on peut facilement en faire le tour à pied, ses principaux centres d'intérêt jouxtant la plage. La plupart des visiteurs ne font pas la différence entre Santa Marta et El Rodadero et considèrent ces deux sites comme étant une seule et même destination. Pourtant, la station balnéaire El Rodadero, le site touristique le plus développé de la région, n'est en fait qu'une partie de Santa Marta — un barrio (quartier) situé à quelque 5 km de la ville.

Un peu d'histoire

Bien avant la conquête espagnole, la région de Santa Marta était habitée par des indigènes dont les origines encore aujourd'hui posent des problèmes aux ethnologues. Ce que l'on sait par contre, c'est que les premiers habitants qui s'y sont installés en permanence ont, dès le début, formé des groupes séparés et isolés probablement à cause du relief particulier à la région. La civilisation tairona par exemple, dont l'influence s'est étendue partout sur la côte Atlantique, s'est établie au pied de la Sierra Nevada de Santa Marta sur le versant nord. Lors de l'arrivée des Espagnols, elle était divisée en deux groupes principaux, les Caribes et les Arwacos, ces derniers étant considérés comme le plus ancien des deux peuples.

Les Caribes, plus belliqueux, poussèrent les Arwacos dans les montagnes et s'installèrent à leur place en empruntant leur mode de vie et leurs techniques. C'est ainsi qu'ils devinrent pêcheurs, chasseurs et fermiers. Au moment de l'apparition des Espagnols, ils étaient en expansion et avaient déjà conquis de vastes étendues de ce qui est aujourd'hui le territoire de la Colombie. Ils y cultivaient entre autres le maïs, les pommes de terre, les ananas et autres produits qu'ils échangeaient avec les tribus voisines. Ils exploitaient aussi des mines de sel et étaient de talentueux orfèvres.

Les Arwacos pour leur part étaient paisibles. Cultivateurs, ils produisaient entre autres le manioc, le maïs et la patate douce et, dans leurs rituels et autres cérémonies sacrées, ils consommaient la feuille de coca.

Comme la majorité des autres Amérindiens, ils arboraient des ornements de corps sous formes de bracelets, de pectoraux, de boucles d'oreilles et des anneaux de nez. Ils fabriquaient des pièces d'artisanat comme des couvertures, des hamacs, des filets et des paniers pour le transport des marchandises qu'ils échangeaient aussi avec les tribus voisines. C'est ainsi que les émeraudes du centre de ce vaste territoire étaient connues jusque sur la côte Caraïbe.

En 1499, Alonso de Ojeda découvre la Colombie, accompagné du cosmographe Juan de la Cosa, en mettant la première fois les pieds à Cabo de La Vela dans la presqu'île de la Guajira en provenance de ce qui est aujourd'hui le Venezuela. Francisco Pizarro, futur conquérant du Pérou, l'accompagne à titre de simple soldat. Pizarro est le seul conquistador à avoir touché la Colombie par l'océan Atlantique et par l'océan Pacifique. Quelques années plus tard, Rodrigo de Bastidas prend la relève et explore toute la côte colombienne de Cabo de la Vela à Santa Marta. Il y établit ses quartiers généraux et découvre l'estuaire d'un fleuve qu'il nomme Grande de la Magdalena. Il crut pouvoir s'y établir en permanence, mais il fut trahi par ses soldats qui tentèrent de l'assassiner. Gravement blessé, il réussit à s'enfuir et gagna Cuba, où il mourut quelque temps plus tard.

Son successeur, Rodrigo Alvárez Palomino, se livra pour sa part à la destruction et aux massacres systématiques des indigènes sur la côte, et ceux-ci trouvèrent refuge sur les hauteurs de la Sierra Nevada de Santa Marta. La fondation de Santa Marta se caractérise donc par la lutte des indigènes contre l'envahisseur espagnol et par la succession de gouverneurs qui plient devant l'appétit vorace de leur troupe pour l'or. Souvent, ils doivent prendre la fuite avant même d'avoir été officiellement accrédités par les autorités espagnoles.

À la recherche d'or donc, plusieurs expéditions partent de Santa Marta vers l'intérieur du pays dont la plus importante est sans contredit celle de Gonzalo Jiménez de Quesada, qui découvre la savane de Bogotá et y fonde la ville de Santafé en 1538.

Cependant, dès l'arrivée du gouverneur Lope de Orozco à Santa Marta en 1596, l'agriculture et l'élevage se développent d'une façon significative. Plus important encore, les relations avec les indigènes s'améliorent sensiblement alors qu'un pacte tacite de non-agression s'installe dans les habitudes des deux communautés. Des colons de plusieurs pays — de l'Angleterre plus particulièrement —, s'installent dans la région tout en important des techniques différentes de culture et d'élevage. Une certaine prospérité voit le jour graduellement, qui fait envie. Santa Marta est donc victime à plusieurs reprises d'attaques de pirates qui la rançonnent souvent au cours de XVIe et XVIIe siècles.

Avec la création de la vice-royauté de Nouvelle-Grenade en 1717, la région devient province sous le nom de Magdalena, avec Santa Marta comme capitale et principale ville portuaire au pays. De 1882 à 1911, on y construit un chemin de fer entre Santa Marta et Fundación, qui se révèle être le principal instrument de développement de la région. En effet, la production la plus importante est la banane, et elle est dorénavant exportée dans le monde entier à partir du port de Santa Marta. C'est l'entreprise nord-américaine United Fruit Company qui s'en charge jusqu'à ce que cette dernière se retire au cours des années quarante à la suite de nombreux conflits de travail.

Dès les années cinquante cependant, Santa Marta se tourne résolument vers le tourisme non seulement en exploitant son site particulièrement enchanteur mais aussi l'intérieur de la région et surtout la Sierra Nevada de Santa Marta, l'un des plus beaux panoramas de toute la Colombie. Plusieurs sites touristiques présentent aujourd'hui un grand intérêt pour tous les visiteurs colombiens et internationaux. Par exemple, c'est à Santa Marta que mourut Simón Bolívar, El Libertador, le 17 décembre 1830. On peut visiter la Quinta de San Pedro Alejandrino à quelques kilomètres des limites de la ville, le site même où reposent ses restes.

Santa Marta aujourd'hui

Les premiers Espagnols s'installèrent tout naturellement sur le rivage de la mer autour d'une place centrale (aujourd'hui la Plaza Bolívar) avec d'un côté l'église et de l'autre, la mairie et autres maisons des grands seigneurs. Puis, la ville continua son développement vers l'intérieur et aussi en direction nord et sud de la côte jusqu'à l'extrémité nord-ouest de la Sierra Nevada.

L'activité portuaire occupe la plus grande place au niveau de l'économie. Cependant, avec près de 350 000 habitants et une population flottante de quelque 30 000 personnes, Santa Marta se présente aussi comme un important centre commercial avec ses édifices neufs et surtout avec sa station balnéaire El Rodadero, qui n'a rien à envier à celles de la Méditerranée.

Couchée sur le sable de la baie du même nom, la ville présente encore aujourd'hui de beaux édifices coloniaux autour de la Plaza Bolívar, donnant accès à des rues étroites où l'on trouve une multitude de boutiques et de nombreuses maisons d'époque. Mais c'est l'avenue Rodrigo de Bastidas (aussi appelé Avenida del Fundador) qui attire le plus les touristes avec sa belle et longue promenade le long de la mer — le Paseo de Bastidas —, où l'on trouve des terrasses agréables, des hôtels abordables de même qu'une variété de restaurants pour tous les budgets.

Il n'est pas nécessaire de louer une voiture pour se déplacer à Santa Marta car, dans la ville même, on peut facilement tout voir à pied. Même chose pour El Rodadero. Mais il peut s'avérer intéressant d'utiliser une automobile pour visiter la très belle campagne en direction de Riohacha que l'on atteindra en moins de trois heures.

Si la circulation est stressante à Santa Marta, elle est plutôt calme sur les grandes routes. Mais encore faut-il se rappeler que, ici aussi, la surveillance routière par la police est inexistante. Les Colombiens ne respectent pas la double ligne et dépassent dans les courbes ou dans les déclivités.

El Rodadero

À moins d'une dizaine de kilomètres de Santa Marta, El Rodadero, en fait un barrio (quartier) de Santa Marta, se présente comme la station balnéaire la plus européenne de toute la côte colombienne. Ici, hôtels en hauteur rivalisent avec les condominiums (appartements), les nombreux restaurants, les boutiques et les bars pour offrir à une clientèle aisée tout ce dont elle peut souhaiter pour des vacances de "rêves". La plage de sable blanc attire les baigneurs durant toutes les périodes de l'année, mais c'est surtout en décembre et en janvier que les touristes se manifestent en grand nombre. Outre la plage, les restaurants et les discothèques, il n'y a pas beaucoup d'attraits touristiques à El Rodadero.

El Rodadero, la station balnéaire la plus européenne de toute la côte colombienne.

La plage, El Rodadero

À El Rodadero, on peut pratiquer tous les sports aquatiques imaginables et faire des excusions en lanchas (bateaux à moteur) aux autres plages environnantes. On peut s'informer directement sur la plage au kiosque de la Corporación de turismo de Magdalena sur le paseo de la playa, Carrera 1a, en face de la Calle 8. Ici, on vous renseignera sur les excursions aux plages les plus intéressantes et les plus en demande (la Playa Blanca entre autres) et sur les prix recommandés et pratiqués.

Le Parque Nacional Tairona

Le Parque Nacional Tairona est situé au pied de la Sierra Nevada de Santa Marta et s’étire jusqu'à la mer des Caraïbes. Il débute à l'est de Santa Marta pour s'étendre sur 85 km jusqu'au río Piedras. Ce parc naturel a depuis longtemps établi sa renommée en Colombie et même à travers le monde. On y remarque la beauté de ses plages de sable blanc, ses eaux cristallines dans de nombreuses petites baies désertes protégées du soleil par des cocotiers et sa formation corallienne qui longe la montagne dont la faune et la flore sont une représentation presque complète de celles que l'on trouve partout en Colombie. Balayé par tous les climats de 19oC à 33oC, il présente, ici, des paysages désertiques où pousse exclusivement le cactus. Ailleurs, l'humidité suffocante favorise l'éclosion d'une végétation luxuriante de forêts vierges où les cris des singes, l'apparition d'un iguane (dont la chair est estimée) et le chant des oiseaux exotiques dans la chaleur moite et la brume envahissante transportent le viisiteur dans un monde irréel et sans âge. Où le temps a disparu. Où l'époque s'est volatilisée. Où la vie s'est perpétuée depuis des millénaires.

Une plage du Parque Nacional Tairona, dédié à la recherche, à la conservation, à la propagation et la défense des animaux et de la végétation.

Le Parque Nacional Tairona est dédié à la recherche, à la conservation, à la propagation et la défense des animaux et de la végétation. Mais c'est aussi un site archéologique important, et l'on peut y visiter Pueblito, un village indien tairona dont on admire les vestiges en plein cœur de la forêt.

Pueblito

Les premiers habitants de la région respectaient l'environnement. Avec leurs terrasses de pierre, leurs chemins et leurs canalisations qui assuraient la solidité de leurs constructions, ils contrôlaient l'érosion sur les pentes abruptes. Parmi les agglomérations les plus connues des Taironas, se trouvent Pueblito et Ciudad Perdida.

Pueblito est situé près de la mer, et ses quelque 3 000 habitants se spécialisaient dans la pêche et la collecte de coquillages. Pueblito agissait comme un centre de commerce où l'on pouvait échanger les produits en provenance de la mer avec ceux fabriqués en montagne. Du point de vue architectural, Pueblito se caractérise par ses terrasses et son aqueduc qui traverse le village et unit toutes les habitations et les lieux de culte.

Pueblito

Pueblito se caractérise par ses terrasses et son aqueduc qui traverse le village

Aucune route ne mène à Pueblito (petit village) et il faut y aller à pied accompagné d'un guide : départ dès 6h30 le matin et retour vers 18h à l'hôtel. Le trajet prend quatre à six heures de marche dans un chemin étroit n'offrant pas toujours la sécurité que prétend le guide. Il doit d'ailleurs souvent l'ouvrir à grands coups de machette pour dégager la végétation qui l'encombre. Ce fameux chemin de pierre est lui-même un vestige archéologique. En effet, il a été construit il y a plus de 1000 ans par les Indiens qui habitaient Pueblito. Il offre la particularité de présenter de nombreuses pierres non solidifiées à intervalles plus ou moins réguliers. Quand on met le pied au hasard sur l'une de ces pierres, spécifiquement choisies par les Indiens de l'époque, elle produit un bruit sourd, un signal d'alarme, qui se répercute longtemps dans les frondaisons : il annonce la venue d'un visiteur. Ami, il était reçu alors avec toute la dignité due à son rang. Étranger ou ennemi, il était tué sur place, sans autre forme de procès, d'une fléchette empoisonnée au curare (poison tiré du strychnos, un arbre tropical) soufflée d'une sarbacane. Ce système est d'une efficacité à toute épreuve. Le guide doit s'arrêter pour fournir des explications et en faire la démonstration. Sinon, l'alerte passe inaperçu aux yeux — et surtout aux oreilles —, du visiteur qui n'y perçoit qu'une défaillance de construction, due à l'ancienneté.

Le sentier peut causer des entorses aux "ennemis" d'aujourd'hui, et il vaut mieux avoir le pied solide pour s'y aventurer. D'autant plus qu'il s'élève en montagne à quelque 400 m, et que la température atteint un degré d'humidité qui force à l'arrêt toutes les cinq minutes. Pas nécessairement recommandé pour les enfants et les personnes fragiles en général.

Un chemin de pierre, un vestige archéologique datant de plus de 1000 ans. Il peut causer des entorses aux "ennemis" d'aujourd'hui.

À un point précis après trois heures de marche et à quelque 400 m d'altitude, le chemin redescend, selon le guide. Il n'en est rien puisqu'il continue vers les hauteurs sur encore une bonne centaine de mètres. Le guide avoue candidement qu'il évalue la hauteur de la montagne en fonction de la capacité de grimper de ses "guidés". Estimation colombienne, sans doute. Question de ne pas décourager les moins enthousiastes, plus habitués au confort de l'air climatisé des hôtels. Qu'à cela ne tienne, on continue! En tout cas, mieux vaut prévoir quelques bouteilles d'eau froide, une bonne quantité de produit anti-moustiques, une serviette éponge qui s'avérera une nécessité... et de bons souliers de marche. Encore une heure et demie d'escalades, de passages dangereux et étroits sous d'immenses rochers et de descentes abruptes avant d'atteindre Pueblito.

L'effort en valait la peine, et l'on oublie vite les estimations approximatives du guide. En effet, dès l'approche du village, on a l'impression de pénétrer de plain-pied dans une légende indienne, alors qu'une immense pierre gravée en annonce la proximité. Une centaine de mètres plus loin, les vestiges de Pueblito apparaissent sous les rares rayons du soleil qui réussissent à traverser le feuillage sombre des arbres et la brume humide et stagnante, comme les faisceaux lumineux de projecteurs directifs. Ils laissent entrevoir, graduellement, les fondations en pierre qui déterminent l'emplacement exact où s'élevaient jadis les huttes des anciens Indiens, celle du cacique par exemple, sur un promontoire, et celles réservées aux cérémonies religieuses, aussi sur un promontoire, qui permettaient aux dignitaires civils et religieux d'avoir une vue d'ensemble sur la communauté. Les autres habitations sont dissimulées çà et là aux abords de la forêt, selon l'importance hiérarchique que détenait leur propriétaire. Ces Indiens pratiquaient l'agriculture et la chasse. La pêche constituait aussi une bonne partie de leur menu.

Incroyablement, la centaine d'habitations que formait le village de Pueblito laissent entrevoir une civilisation passablement évoluée. En effet, elles étaient toutes desservies par un système d'aqueducs creusés et étanchés avec un fond en pierre. Ce réseau permettait de fournir les maisons en eau potable et d'en évacuer les eaux usées, et ce quelque 1000 ans avant l'arrivée des premiers Espagnols. Il est pour le moins étonnant de constater que ces derniers, en Europe, ne bénéficiaient pas, au moment de la conquête, de la qualité de vie qui prévalait depuis des siècles chez certaines tribus indigènes d'Amérique du Sud, en pleine forêt vierge. En déambulant dans le village paisible, rafraîchi par les arbres immenses qui le recouvrent entièrement, et encore habité par une famille indigène chargée d'en préserver l'authenticité, on se retrouve soudainement en contact direct et spirituel avec l'ancienne culture indigène tairona. Un sentiment qu'on n'oubliera pas de sitôt.

Ciudad Perdida

Ciudad Perdida — en langue chibcha, Teyuna —, fut érigée vers les années 700 de notre ère. C'est l'un des centres urbains les plus importants parmi plus de

250 établissements découverts dans la Sierra Nevada de Santa Marta. Ciudad Perdida est aménagée sur un terrain en pente dont la déclivité se situe entre 950 m et 1300 m au-dessus du niveau de la mer. Située sur le versant nord de la Sierra Nevada de Santa Marta, la "Cité Perdue" s'étend sur les rives du río Buritaca, et fut un centre économique et politique de première importance pour les Taironas. En effet, 40% de son territoire était réservé aux édifices publics, alors que le reste était destiné aux habitations privées. Dépendant des années et des circonstances, sa population pouvait fluctuer entre 1 400 et 3 000 habitants. On y trouvait plus de 250 terrasses distribuées dans huit secteurs ou villages, qui servaient de fondations pour les habitations familiales, pour les lieux de travail spécialisé, pour les temples ou encore pour les espaces publics. Des chemins ou des escaliers de pierre, de formes et de dimensions diverses, permettaient de communiquer facilement d'une terrasse à l'autre.

Les habitations familiales étaient construites sur les terrasses circulaires, leur circonférence dépendant de la topographie. Certaines terrasses adoptaient une forme ovoïde, alors que d'autres pouvaient recevoir plusieurs habitations. D'autres encore étaient renforcées par un muret en pierre. On y trouvait aussi des canaux de distribution et de collecte d'eau, organisés autour d'anneaux qui permettaient un contrôle efficace de la distribution. D'autres canaux servaient à transporter l'eau d'irrigation des terrasses réservées à l'agriculture.

Les Taironas

Lorsque les premiers conquistadores débarquèrent sur la côte nord-est de la Colombie au XVIe siècle, ils rencontrèrent plusieurs groupes d'Indiens établis dans la Sierra Nevada de Santa Marta sur des territoires que, faute de mieux, ils désignèrent sous le nom de "provinces". Un de ces groupes était les Tairos qui habitaient la vallée du río Don Diego — nom tiré de la toponymie espagnole, il va sans dire —, et dont la principale agglomération portait le nom de Taironaca. Par la suite, le nom "Tairona", fut utilisé pour désigner l'ensemble des villages de cette région de même qu'une zone archéologique et une culture précolombienne, qui comprennent des lieux précis et les groupements humains différents qui y ont vécu à une certaine époque.

Ces groupes d'Indiens ont commencé à se former en société vers les années 500 de notre ère pour atteindre leur sommet vers l'an 1000. La majorité appartenait à la famille linguistique chibcha qui couvrait un territoire assez vaste, à partir de l'Amérique centrale jusqu'au nord et au centre de la Colombie ainsi qu'une partie du Venezuela.

Les Espagnols rencontrèrent donc une population nombreuse et organisée en hiérarchie. Au lendemain de la découverte, elle fut décimée, voire même exterminée systématiquement, leurs villages rasés, et les rares survivants forcés de se réfugier dans les hauteurs de la Sierra Nevada.

L'habitation

L'habitation tairona était, et est encore aujourd'hui, une hutte circulaire construite avec des matériaux autochtones faciles à trouver et à manipuler : du bois, du bambou et des feuilles de palmiers. Les travaux étaient divisés selon les sexes, et la cuisine était la tâche principale des femmes. L'homme s'occupait, lui, de la fabrication de la céramique, indispensable à la vie quotidienne. Il fabriquait des vases, des mortiers pour réduire les graines en poudre ou en farine, des rôtissoires et autres récipients de conservation, dans une variété de formes et de couleurs qui servaient à la cuisine, à la distribution des aliments et à l'entreposage des liquides.

Pendant que l'homme s'adonnait aussi au sarclage et au semis, à la pêche et à la chasse, la femme vaquait à ses autres occupations qui consistaient à récolter les fruits, à chercher l'eau, à tirer la laine, à piler le maïs et à filer le coton.

L'organisation sociale

Les Taironas vivaient en structure pyramidale. À la tête se trouvaient les naomas ou les grands prêtres. Suivaient ensuite par ordre d'importance les guerriers, les tisserands, les céramistes, les cultivateurs, les sculpteurs et les orfèvres, puis le petit peuple. Les chroniques du temps font aussi mention d'un chef politique gouvernant toute une province où se trouvaient de nombreux villages sous la domination d'un cacique, ces villages étant eux aussi subdivisés en quartiers sous la protection d'un cacique "mineur", assujetti au cacique du village.

La musique

Le langage de la musique tairona — comme probablement le langage de toutes les musiques indiennes —, est le reflet et l'expression avant tout des origines, des traditions, des forces naturelles, de la vie et de la mort. Toutes les cérémonies religieuses sont donc accompagnées d'airs de flûtes, de sons de plaques résonnantes et de sons de gros coquillages creux.

Ciudad Perdida, la cité perdue des Taironas sur les rives du río Buritica, ne fut découverte qu'en 1975 par l'archéologue Julio César Sepúlveda. C'est l'une des plus importantes cités taironas qui démontre le savoir-faire des Indiens pour s'adapter à leur environnement. Les touristes ont maintenant l'autorisation de visiter les lieux s'ils sont accompagnés de guides. Pour se rendre à Ciudad Perdida, le voyage d'une durée de trois jours se fait à dos d'âne et avec des sacs de couchage ou des hamacs. On peut aussi y aller en hélicoptère à certaines périodes de l'année. Il faut prévoir 500 000 pesos et compter une heure pour l'aller et une heure pour le retour.

La Sierra Nevada de Santa Marta

La Sierra Nevada de Santa Marta — nom qui provient aussi de la toponymie espagnole —, est une masse montagneuse qui émerge abruptement du littoral atlantique de la Colombie. S'étendant sur plus de 17 000 km2, elle traverse les département de Magdalena, de la Guajira et de Cesar. Ses pics culminent à 5 700 m d'où naissent d'innombrables fleuves et cours d'eau qui, avec les accidents de terrain, forment d'étroites vallées. Dans ce massif, la végétation est très diversifiée, allant du bosquet sec du désert jusqu'à une variété de bosquets humides, en passant par la végétation clairsemée, propre aux neiges éternelles. La faune y est aussi variée. On y rencontre par exemple, une variété d'oiseaux (mouettes, faucons, buses), des petits mammifères (renards, singes, chauves-souris) et des reptiles (serpents et iguanes). Le climat se caractérise par de fortes précipitations, par l'humidité et par la nébulosité mais aussi par la sécheresse dans la Guajira par exemple.

La région est importante non seulement par ses caractéristiques géographiques et écologiques, mais aussi parce qu'elle abritait une importante population préhispanique. Elle est encore aujourd'hui habitée par différents groupes ethniques.

Tous les hôtels offrent des visites guidées d'une journée au Parque Nacional Tairona par l'entremise ou en collaboration avec un agent de voyages spécialisé. On peut même faire des arrangements pour y passer la nuit en faisant du camping ou en louant un hamac.

Taganga

Le petit village de Taganga vaut le déplacement. Situé dans une belle petite baie, il apparaît soudainement au détour de la route, en bas de la montagne, comme un paysage de carte postale. Mais il est bien réel et à moins de 20 min en direction nord de Santa Marta. Un minibus avec indication "Taganga" y conduit. On le prend toutes les 15 min sur l'Avenida del Fundador (aussi appelée Carrera 1a) en face de la Plaza Bolívar.Taganga était et continue d'être un village de pêcheurs de près de 1 000 habitants. Plusieurs barques en témoignent, tant à l'eau que sur la plage, où l'on y apporte les réparations nécessaires avant la remise à l'eau. Certains pêcheurs ont toutefois trouvé plus avantageux de piloter des excursions en mer, notamment à la Playa Grande. On s'informe sur place, directement sur la plage. Ces derniers étant en association, ils proposent tous les mêmes prix pour les mêmes distances et les mêmes destinations.

Le petit villge de Taganga vu de la mer

Taganga n'offre pas beaucoup d'attraits sauf sa situation et son charme. Faisant justement partie de son charme, ses nombreuses petites tiendas (échoppes) plantées sur la plage où l'on peut déguster une variété complète de produits de la mer, attablé sous un parasol en bénéficiant de la brise saline tout en sirotant une bière froide. Outre la langouste, il faut déguster le sancocho de pescados, une soupe de poissons (la bouillabaisse colombienne) avec des carottes, des bananes plantains et des épis de maïs. Accompagné d'un plat de riz et une salade de légumes, le sancocho constitue un repas complet. Mais on ne peut dire qu'on connaît Taganga si l'on n'a pas dégusté le pargo frito, un rouget frit, assaisonné, et servi entier avec une salade de légumes et des tranches de bananes plantains, frites aussi, le tout arrosé copieusement de jus de lime. Sans conteste, le meilleur pargo de toute la Colombie.

La Ciénaga Grande

La Ciénaga Grande de Santa Marta est le plus grand lac marécageux de toute la Colombie. Ciénaga grande signifie d'ailleurs en espagnol "grand marécage". Situé à moins d'une demi-heure de route de Santa Marta en direction de Barranquilla, la Ciénaga Grande est le plus grand des neuf marécages formés par le río Magdalena à son embouchure. Au sud-ouest, on entre dans une sorte de sanctuaire pour la faune et la flore, un parc naturel et l'un des meilleurs endroits pour l'observation d'oiseaux dont on dénombre plus de 150 espèces. La Ciénaga était auparavant une immense baie qui a été modifiée par la formation d'une barrière de sable et de sédiments provenant de la Sierra Nevada. Cette barrière a formé l'île de Salamanque, une étroite bande de terre sur laquelle est construite la Carretera Santa Marta-Barranquilla. En coupant l'accès définitif à la mer, cette construction a résulté en une catastrophe écologique de grande envergure, en modifiant la salinité de l'eau, causant la destruction de millions d'arbres. C'est une vision d'Apocalypse qui se présente aux voyageurs empruntant cette route. Tous ces arbres morts donnent froid dans le dos. Blanchis par le soleil, momifiés, ce sont de véritables squelettes qu'on aurait oublié d'enterrer.

Sur le lac même, on peut visiter des villages lacustres comme Nueva Venecia, (Nouvelle Venise) Trojas de Cataca, Pueblo Viejo, Buenavista et Pajarales. Ce sont des villages de pêcheurs bâtis sur des îles ou sur pilotis, et l'on ne peut y accéder qu'en bateau.

SOURCE : Les guides ULYSSE/COLOMBIE

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